La demande de mise en accusation du Président Michel J. Martelly Entre fanfaronnade et mascarade…

19 octobre 2013

La demande de mise en accusation du Président Michel J. Martelly Entre fanfaronnade et mascarade…

m&l       senat

   Depuis la chute du régime dictatorial, Haïti s’est trouvé, de façon fortuite, de pleins fouets dans la démocratie. Une démocratie sans précédent portant en son sein toutes les séquelles de son frère consanguin, qu’est la dictature. Durant ces vingt-cinq dernières années, on a assisté à des galvaudages de toute forme autour de la démocratie, on a beau tourné autour du pot sans arriver, malheureusement ou volontairement, à y pénétrer.

              Selon la constitution en vigueur, Haïti se veut démocratique tout en respectant la norme fondamentale de toute démocratie, la reconnaissance et la séparation des pouvoirs. Cette requête s’avère sans fin et sans suite. D’une part, peut-être sommes-nous condamnés par les traces vivantes et indélébiles de l’esclavage, et que tellement attachés aux ordres du chef, cette psychose nous hante encore et nous empêche d’apprivoiser  cette culture démocrate. D’autre part, après une génération d’expériences houleuses puis-je insinuer que cette civilisation nous devance, et qu’il nous faut la vitesse de la lumière pour la rattraper. En fait, nos leaders d’opinion continuent à réduire la démocratie à la simple liberté de la parole, en négligeant les droits fondamentaux économiques et sociaux. La non- opérabilité de la démocratie engendre chaque jour des luttes intempestives pour la dominance entre les trois pouvoirs.

Le pouvoir judiciaire, l’orphelin, se trouve occulter à la merci du pouvoir exécutif, le suprême. N’ayant pas bénéficié d’un vote populaire direct étant le fruit d’un consensus entre le législatif et l’exécutif, ce qui lèse leur légitimité. Le législatif qui jouit du vote sectoriel se sent combien légitime, étant les représentants directs de toutes les divisions administratives du pays au pouvoir central. L’exécutif dans le but de s’assurer le plein pouvoir, s’accapare de la cause du judiciaire et la majorité des fois se voit bénéficier de l’allégeance du législatif, si facilement corrompu pour de modiques rétributions. Deux grands moments partagent le mandat d’un parlementaire haïtien, au premier il cherche par tous les moyens à se procurer du fric pour assurer son arrière, mettant en exergue le vieil adage disant : »l’argent n’a pas d’odeur ». Au second, il se tache de retrouver son honneur et sa dignité vendus, oubliant que ces qualités ne sont pas réversibles. Là, il se donne à fond pour montrer à la société qu’une infirme partie d’humain l’habite, et que par inadvertance sa conscience peut s’éveiller.

Il est bruit que le président enchérit le rêve de constater la caducité du deuxième tiers du Senat, ce qui entrainera du coup la caducité du pouvoir législatif. Peut-être pour égaler le paria que seul l’énigmatique président Préval a déjà réalisé dans l’ère contemporaine. Les sénateurs terrassés par cette nouvelle ont eu le vent en pourpre, ils entendent répondre de manière conséquente aux assauts de l’exécutif, plus particulièrement au désir affriolant du président de la République. Loin de penser à une entente à l’amiable, à une décision de consensus entre les deux pouvoirs, ils ont opté pour le jeu de la lune et du soleil. Ils décident de tirer à la corde, chacun à une extrémité faisant ressortir son pouvoir inlassablement. Les prérogatives constitutionnelles sont bafouées d’un coté comme de l’autre. Ainsi, les potentielles victimes de ce jeu d’élégant badinage restent et demeurent, comme toujours, le prolétariat, les dominés, les sans-pouvoirs. Les sénateurs ont tenté une première réaction en modifiant la loi qui portait à confusion dans la loi électorale 2008, ignorant que cette loi modifiée ne sera effective qu’après sa publication par l’exécutif. En effet, ils n’ont pas eu le résultat escompté. Etant donné que ce gouvernement montre une immaturité grandissante, échoue presque à chaque pas trébuchant, non pas dans la vision mais plutôt dans la façon de procéder, les interstices restent toujours béantes. D’ou survient la mort d’un juge dont les conditions semblent douteuses. Les sénateurs ne pouvaient espérer de meilleure occasion pour envoyer la balle abrasive aux pieds de l’exécutif. Une commission est vite faite, et sans trop tarder le rapport qui recommande la mise en accusation du président, du premier ministre et du ministre de la justice pour crime de haute trahison. N’importe qui peut comprendre de quoi il s’agit effectivement, une question qui devrait interpeller toutes les forces vives de la nation est passée en dérision, servant d’échappatoire pour calmer un peu les représailles de l’exécutif. C’est marrant d’assister a l’imbécilité de deux frères siamois, l’un pensant pouvoir exister sans l’autre. Que de dirigeants irresponsables !

Ces situations ridiculisantes et vertigineuses nous rendront plus que jamais vulnérables. L’incertitude gagne partout. Qu’adviendra-t-il ce 13 janvier 2014? Va-t-on constater la caducité du législatif et la démission du président par la suite? Ou du moins, allons-nous constater cette grande première, la destitution du président par le Sénat? Faites vos jeux messieurs… Sachez bien qu’importe l’issue HAITI résistera pour connaitre de jours meilleurs avec des dirigeants portant sa cause jusqu’au bout du tunnel…

Puisse la lumière répandre sur HAITI !!!

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